L'autre jour, je suis allé à Ikea pour meubler ma nouvelle chambre berlinoise. Rien de bien compliqué...le magasin est très accessible et tout nous y mène.


Je sors donc de la gare en suivant les flèches Ikea. Dans l'environnement austère des alentours de la gare, il n'y a guère que ces panneaux qui redonnent un peu de couleurs au paysage. Il est temps que j'arrive enfin pour accéder a cet espace qui a l'air si accueillant ! Plus que 5 minutes, c'est un panneau publicitaire qui me le dit, plus que 5 minutes avant de pouvoir acheter cette magnifique lampe ou encore parfumer ma maison !

Ouf, je ne suis plus très loin. Ils sont vraiment sympas à Ikea, il m'indiquent un raccourci pour être le plus rapidement chez eux, un raccourci qui prend soin de ne pas passer devant d'autres magasin.

On est gentiment pris par la main dans une ruelle puis une autre et on apperçoit enfin Ikea.
Au loin, bien après le parking, le gigantesque panneau et des drapeaux Ikea, les autres magasins de la zone n'ont qu'a bien se tenir...c'est ici qu'a lieu le pèlerinage et pas ailleurs. On bourre le crane du consommateur pour qu'Ikea soit sa seule destination, pour qu'Ikea soit le lieu où il va passer sa journée. Le territoire est soigneusement marqué autour de l'antre dont la gigantesque porte tournante sert aussi de vitrine pour les produits.
Une fois à l'intérieur, je ne peux que constater qu'ici aussi, un parcours qui mène aux caisses est élaboré pour passer par tous les rayons. Sur ce point rien de nouveau sous le soleil.
De retour à la gare (elle aussi indiquée par Ikea), je ne vois que des sacs Ikea et j'hésite à y revenir immédiatement à la vue des baches géantes me suggérant de nouveaux achats.
Par une stratégie qui s'étend bien au-delà de l'espace du magasin, Ikea a su faire sien l'espace public et a imposé un passage obligé vers tout ses rayons. A Südkreuz, Ikea est la seule destination, on ne sait pas vraiment comment faire pour aller à Bauhaus par exemple, beaucoup moins cher mais invisible.
En revenant quelques jours à Paris, j'ai aussi constaté cette appropriation de l'espace public par Ikea...les stations St Lazare de la ligne 12 ou encore Concorde sont équipées en canapés Ikea (et mêmes en lampes !). L'enseigne n'a pas froid aux yeux, ses marketeurs osent et font du "service" rendu un possible lien de fidélité avec Ikea.
On ne peut qu'être reconnaissant à Ikea de nous montrer le chemin et de nous prendre par la main ou encore de nous asseoir sur des canapés au lieu des sièges durs du métro...cette stratégie peut s'avérer payante, mais peut aussi provoquer un sentiment d'exaspération vis-à-vis de l'enseigne...personnellement c'est un peu ce que j'ai ressenti quand je suis enfin sorti du magasin de Südkreuz.
Toujours est-il qu'on est ici face à un cas d'appropriation de l'espace public...au risque d'une saturation !
6 commentaires:
Article tres pertinent et qui s'applique a toutes les grandes villes.
A New York, on se rend au Ikea de Brooklyn en bateau, la navette est aux couleurs du magasin est n'a qu'un seul arret...le temple du meuble pour etudiant ruine !
La traversee est putot sympa puisque le bateau passe juste a cote de la Statue de la Liberte et que la vue sur la Skyline est magnifique...mais aussi original que cela puisse etre, ca reste une strategie de la part d'Ikea pour attirer les consumers ;)
Article très intéressant effectivement. Mais comme le dit Liv ça doit être propre aux grandes villes. Personnellement à Arhus (certes ce n'est "que" la 2ème ville du Danemark et pas NYC ou Berlin) c'est la mission commando pour aller à Ikea. Personne ne sait vraiment y aller, dans la ville aucune affiche n'en parle. Il faut finalement prendre un bus mystérieux qui te lâche un peu dans la nature.
Alors visiblement ils n'ont pas trouvé le juste milieu entre appropriation et absence de l'espace public.
A Paris, il n'y a pas tout ça. Ikea est super loin et assez inaccessible. Ils ont tenté d'en foutre un à Velizy mais ils l'ont fermé...un peu paradoxal avec leur pub au metro Concorde d'ailleurs
Paris ville musée.
T'as rien le droit de faire.
There is no good or bad.
et finalement tu ne nous dis pas pourquoi tu n'es pas allé chez Bauhaus dont rien que le nom est déjà plein de promesses (je sais, on ne savait pas comment y arriver ...)
Big Mother
Si tu veux lutter contre Ikéa tu vas à Humana ou sur Craigslist, t'auras tous les meubles que tu veux.
Maintenant, Ikéa s'approprie peut-être l'espace public, il n'en reste pas moins que les villes qui n'en ont pas feraient tout pour (regarde Clermont).
Quant aux pubs, ça serait intéressant de voir combien Ikéa a payé pour les mettre, consulter au Bezirksamt de Schöneberg les délibérations qui ont mené à l'accepter.
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